Liège – Cinéma : Incident à l’avant-première du film « L’Attentat » de Z. Doueiri

Bref résumé de l’incident

Le réalisateur d’origine libanaise, Ziad Doueiri, présentait ce vendredi soir en avant-première son dernier long-métrage à Liège au cinéma Le Parc, géré par l’asbl Les Grignoux.
Un débat était prévu à la suite de la projection, avec la présence de la députée européenne Véronique De Keyser (PS). Cependant, le réalisateur n’a pas souhaité donner la parole à son public interloqué par sAvant-première de l'Attentat au cinéma Le Parc (Liège)a vision partiale du conflit israélo-palestinien, aujourd’hui vieux de 65 ans. Imbu de sa personne, systématiquement en train de se justifier sur « les raisons » de ce film tourné en Israël, et surtout offensif dès la première question du public. Le ton est vite monté entre le réalisateur vociférant contre un spectateur choqué par le film. Une minute après, un groupe d’une dizaine de personnes se sont introduites dans la salle de cinéma en criant « Doueiri collabo ! » (collabo avec l’occupant israélien sioniste). Doueiri, ni une ni deux, avait déjà enfilé sa veste pour tenter de sortir par la porte arrière de la salle, accompagné de l’équipe des Grignoux. Nous avons eu droit à un pitoyable spectacle d’un réalisateur ayant perdu tout sens de l’éthique et de l’intégrité. Il vient aujourd’hui crier contre ceux qui boycottent son film, à savoir pas moins de 22 pays. Il y a des raisons très claires concernant ce boycott cinématographique et cette censure sensée. Explications, et compte-rendu de cette projection mouvementée.

Résumé du film (officiel)

Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu’elle dissimule sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine, israélien d’origine arabe, opère les nombreuses victime de l’attentat. Au milieu de la nuit, on le rappelle d’urgence à l’hôpital pour lui annoncer que la kamikaze est sa propre femme. Refusant de croire à cette accusation, Amine part en Palestine pour tenter de comprendre.

Le film et son boycott interne puis international

Le film devait à la base20510049.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx être produit et financé par les Américains, Z. Doueiri ayant vécu 18 ans dans ce pays avant de revenir s’installer en France. Le projet a été annulé, les Américains ne voulant pas montrer le côté trop « humain » de la souffrance palestinienne (bien que, nous le verrons, le film est complètement pro-israélien, passons…). C’est donc un groupe français qui permis sa réalisation, et surtout, le Qatar… En effet, ce petit pays pétrolier a financé à 80% ce long-métrage, nous dit-il. Après avoir vu le film, la délégation officielle du Qatar pour la promotion du cinéma a purement et simplement demandé un retrait de son nom au générique. Le boycott au sein même de l’équipe du film ne s’arrête pas là. La responsable de la diffusion du long-métrage pour tout le monde Arabe (22 pays) a décidé de se désolidariser et de ne pas le vendre dans ces pays. Preuve supplémentaire que quelque chose choque profondément le public avide de cinéma vérité… Enfin, il faut savoir que L’Attentat est une adaptation du roman de Yasmina Kadhra, et devinez quoi ? L’écrivain n’a pas apprécié le film et a refusé d’en faire la promotion. Mais pour quelles raisons, au juste ? Sont-ils tous de vilains antisémites primaires ne pouvant pas voir un réalisateur libanais tourner en Israël ? Pas vraiment, cette réduction simpliste serait bien trop maladroite.

Le parti pris flagrant du réalisateur ou la haine de soi

Le Liban, pays d’origine du réalisateur, a été le premier pays a interdire le film. Étonnant me direz-vous, le pays était réputé comme l’un des plus libertaire de la région. Ceci est du à un problème légal : une loi interdit toute promotion de l’Etat d’Israël, ainsi que toute collaboration avec des israéliens. De fait, ayant tourné en Israël avec des acteurs israéliens, dont une israélienne jouant le rôle d’une femme kamikaze palestienne (du très bon goût, vous en conviendrez), le film a été à juste titre interdit. Mais le plus gros problème de ce film est son problème morale, éthique. On a du mal à croire que ce film a été réalisé par une personne ayant vécu 3 guerres sanglantes sous des bombes israéliennes. Comment peut-on déformer à ce point la réalité ? La fin du film a été modifiée par rapport au livre : exit le massacre de palestiniens par l’armée israélienne dans la ville de Jénine, place à la révélation de la vidéo du passage à l’acte de la femme kamikaze. A aucun moment la souffrance des palestiniens ne sera montrée à l’écran, à aucun moment le spectateur ne pourra ressentir de la compassion pour « l’autre partie » et s’identifier aux personnages.

Mais le plus choquant pour le public présent ce soir aura été la haine de soi de Ziad Doueiri. Je cite : « l’ignorance à gagné, j’ai honte d’être libanais » ou encore « ces crétins qui boycott Israël et mon film ». Sans oublier le « j’ai changé de point de vue et j’en ai eu marre de la lutte du peuple palestinien contre l’agresseur sioniste et toutes ces histoires qui me hantaient depuis tout petit. » Bref, en plus d’être défaitiste, Doueiri ne parvient pas à se rappeler du passé, de son passé, de sa propre histoire et de son pays.

Morale du film

« Méfions-nous des pZiad-Doueiri_referencealestiniens, toujours et partout. » C’est en gros le message véhiculé par le réalisateur. La kamikaze est une femme ayant la trentaine, séduisante, chrétienne, la compagne idéale pourrions-nous dire. Le mari, un brillant chirurgien palestinien vivant en parfaite harmonie à Tel-Aviv avec ses collègues Juifs. Le film, sans aucune nuance, nous explique bien ceci : musulmans, chrétiens, athés, modérés ou extrémistes, vous êtes une menace permanente pour Israël. D’ailleurs, pas besoin d’être un psychopathe pour perpétrer un attentat sanglant, « on tombe dedans et cela peut arriver à n’importe qui » (citation du film). Le mot de la fin revient (évidemment) à la collègue israélienne du médecin palestinien : « Si tu es ici avec un toit et un travail, c’est grâce à nous car nous t’avons accueilli et nous t’avons accepté. » On ne peut être plus clair sur le propos du cinéaste.

Ziad Doueiri s’est complètement fourvoyé dans ce long-métrage bourré de clichés sur les « méchants terroristes palestiniens » et les « pauvres victimes israéliennes ». Un cinéma bien-pensant qui plaira sans doute à un large public, le même regardant France 2 et TF1 lors des conflits entre la Palestine et Israël. Le niveau intellectuel est ici réduit à néant, l’argent du Qatar et d’Israël ayant sans doute aidé ce réalisateur sans scrupule.