Syrie/Egypte/Tunisie : révolution 2.0 contre l’islamisme politique

On a beaucoup parlé des « révolutions arabes » qui découleraient inévitablement sur un « hiver islamistes ». Cela fut vrai, du moins pour une période déterminée. L’Egypte, 80 millions d’habitants, a décidé de virer son nouveau dictateur islamiste, Mohammed Morsi, issu de la confrérie/secte des « Frères Musulmans ». Ni une ni deux, manu militari, l’armée s’est immédiatement rangée du côté du peuple (celui qui n’est pas aveuglé par l’extrémisme religieux). Le général Al-Sissi a prit les commandes du pays et compte bien en finir avec ceux qui veulent imposer leur doctrine religieuse dans toute la région, en commençant par l’Egypte, pays arabe le plus peuplé du monde.

Le général Khalil Al-Sissi.

Le général Khalil Al-Sissi.

En y regardant de plus près, on est frappé par la similitude de la situation égyptienne avec la guerre qui se déroule en Syrie. Si il y a bien eu un élan révolutionnaire contre le pouvoir syrien, les slogans humanistes et pacifistes n’auront durés qu’une très courte période, rapidement occultés par la masse islamiste présente en Syrie. Les Frères Musulmans ont déjà fait fasse au pouvoir syrien en 1982, lorsque le père de Bachar, Hafez Al-Assad a liquidé l’ensemble de ses membres dans la ville de Hama. En l’espace de 4 semaines, l’insurrection islamiste fut écrasée et la Syrie pu conserver son caractère multiconfessionnel laïque. C’est le même scénario qui se rejoue aujourd’hui, sauf que ces mêmes islamistes sont aidés à coup de millions par des pays obscurantistes comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, mais aussi par les Etats-Unis qui souhaite purement et simplement dégager Assad pour des raisons politiques, stratégiques. Sans oublier les mercenaires étrangers (français, belges, britanniques, etc) sur le sol syrien. Par ailleurs, le terme « terroriste » est désormais utilisé par Al-Sissi, comme Assad, pour désigner la partie la plus violente des Frères Musulmans.

En Tunisie, 2 opposants laïques, unitaires et de gauche ont été assassinés à quelques mois d’intervalles. Le peuple tunisien est en train de comprendre, comme en Syrie et en Egypte, l’ampleur du pouvoir des islamistes sur leur pays. Si ils ont bel et bien voté démocratiquement pour ces personnes, le vent est en train de tourner étant donné l’ampleur de la répression contre les opposants politiques ne souhaitant pas la main-mise de la religion sur leur pays. Plusieurs manifestations sont en cours et il y a déjà eu 3 morts. Il ne reste plus qu’à espérer une issue à l’égyptienne, où l’armée destituerait l’actuel président tunisien. Affaire à suivre.

Il est intéressant de voir la réaction des Etats-Unis face à se revirement de situation, il est on ne peut plus clair : Obama n’a pas reconnu le nouveau pouvoir égyptien et réclame la « libération immédiate » de Morsi. Il faut savoir que l’islamiste a été formé aux Etats-Unis et que son adhésion aux Frères Musulmans s’est faite en Californie.

En Egypte, la partie instruite de la population, intellectuelle et progressiste, soutient l’armée. En Syrie, la population subit une guerre depuis plus de deux et le président Assad reste toujours aussi populaire, voir plus qu’auparavant, étant donné la barbarie du camp adverse. La démocratie ne semble pas être pour tout de suite dans les pays de la région, cette notion ne peut pas s’exporter comme nous le pensions lors des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Il faut dès lors se poser la question de ce qui est préférable pour le peuple, un régime plus ou moins autoritaire laïque qui ne laisse pas la place aux extrémismes religieux de tout bord, ou un régime de facto autoritaire puisque régit par la religion ? La question ne se pose pas…

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